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Le droit du travail est un ensemble complexe de règles qui régissent les relations entre employeurs et salariés. Ces règles proviennent de diverses sources, qui se hiérarchisent et interagissent pour former un système juridique cohérent. Cette fiche présente les définitions clés des sources du droit du travail, leur nature, leur portée et leurs interactions.
Les sources du droit désignent les origines des règles juridiques : elles sont les moyens par lesquels le droit est créé, reconnu ou rendu applicable dans une société donnée. En droit du travail, ces sources proviennent d’instances nationales, européennes et internationales, chacune ayant un rôle spécifique dans l’élaboration et l’application des normes.
Ces sources peuvent être formelles (textes écrits) ou informelles (usages, jurisprudence). Elles sont hiérarchisées selon une pyramide des normes, qui garantit la primauté des règles supérieures sur les règles inférieures.
La Constitution française du 4 octobre 1958 est la norme suprême en France. Elle comprend peu de dispositions spécifiques au droit du travail, mais certaines sont fondamentales :
D'autres textes constitutionnels importants incluent :
Enfin, la Charte de l’environnement influence indirectement le droit du travail en protégeant la santé et la sécurité des salariés via la protection de l’environnement.
Le Conseil constitutionnel a reconnu certains principes à valeur constitutionnelle en droit du travail, notamment :
Les normes constitutionnelles encadrent l’activité législative, notamment par le contrôle de constitutionnalité exercé par le Conseil constitutionnel, tant a priori (avant promulgation des lois) qu’a posteriori (contrôle des lois déjà en vigueur). Certaines règles constitutionnelles s’appliquent directement dans les relations privées entre employeurs et salariés.
Certaines conventions internationales jouent un rôle fondamental dans le droit du travail, notamment :
Le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (1976), qui contient des dispositions relatives au droit du travail, telles que :
Le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (1976), qui garantit notamment :
Les conventions de l’Organisation internationale du travail (OIT), créée en 1919, qui adoptent des conventions contraignantes dès leur ratification par les États membres. Par exemple :
Exemple concret : La réforme dite des « Barèmes Macron » instaurée par l’Ordonnance du 22 septembre 2017 fixe un encadrement des indemnités en cas de licenciement sans cause réelle et sérieuse (article L.1235-3 du Code du travail). Cette réforme a été contestée au regard de la convention n°158 de l’OIT (article 10) et de la Charte sociale européenne (article 24). La Cour de cassation, dans un avis du 17 juillet 2019, a reconnu l’effet direct de l’article 10 de la convention OIT tout en validant la compatibilité du barème avec ces textes.
Le Conseil de l’Europe, créé en 1949, regroupe 47 États membres et influence le droit du travail par deux conventions majeures :
La Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales (1950). Bien qu’elle ne soit pas spécifique au droit du travail, elle a un impact important via :
La Charte sociale européenne (1961), qui garantit des droits sociaux et économiques fondamentaux (emploi, logement, santé, éducation, protection sociale). Elle influence le droit français malgré :
Exemple : La Charte sociale européenne a contribué à faire évoluer le droit français concernant la réglementation des forfaits jours, sur la base de la garantie d’une durée raisonnable du travail (article 2.1 de la Charte).
Conformément à l’article 34 de la Constitution, il revient au législateur de fixer les principes fondamentaux du droit du travail.
Le droit du travail est principalement codifié dans le Code du travail, structuré en :
Ce code est organisé en 8 parties, elles-mêmes subdivisées en livres, titres, puis chapitres.
La jurisprudence correspond à l’interprétation des textes légaux par les tribunaux. Bien qu’elle ne soit pas une source formelle du droit, elle joue un rôle essentiel en droit du travail.
Exemple important : Les arrêts de la Cour de cassation du 10 juillet 2002 ont précisé les conditions de validité d’une clause de non-concurrence, à savoir que la clause doit être :
Ces conditions sont cumulatives, s’appuyant sur le principe fondamental de libre exercice d’une activité professionnelle.
Les conventions et accords collectifs sont des accords conclus entre employeurs et syndicats représentant les salariés.
Types d’accords collectifs selon leur champ d’application :
Ce phénomène de décentralisation et d’élargissement de la négociation est appelé la « conventionnalisation du droit du travail ».

Illustration des différents niveaux des conventions collectives et accords collectifs
Un usage est une pratique régulière, constante et non écrite qui crée des droits au bénéfice des salariés. Il s’agit d’un avantage accordé de manière répétée et libre par l’employeur, sans obligation légale ou conventionnelle.
Pour qu’un usage soit reconnu, le salarié doit prouver trois conditions jurisprudentielles :
Si une de ces conditions fait défaut, l’avantage est qualifié de prime discrétionnaire, sans obligation pour l’employeur de la renouveler.
L’usage peut être dénoncé unilatéralement par l’employeur sous conditions strictes :
L’usage peut aussi s’éteindre par absence de régularité.
Remise en cause par un accord collectif : un accord collectif portant sur le même objet peut remplacer l’usage sans dénonciation préalable. Dans ce cas, l’usage est immédiatement remplacé par l’accord collectif, même si celui-ci est moins favorable.
Si l’usage n’est pas dénoncé régulièrement, il reste applicable et les salariés peuvent s’en prévaloir.
L’engagement unilatéral est une décision prise par l’employeur créant des droits nouveaux en faveur des salariés, reposant uniquement sur la volonté de l’employeur.
Son régime juridique est identique à celui de l’usage, notamment en matière de dénonciation ou de remise en cause par un accord collectif.
Les accords atypiques sont des accords conclus entre l’employeur et les représentants élus du personnel en dehors des cas prévus pour la négociation dérogatoire. Ils sont considérés comme des engagements unilatéraux.
Le règlement intérieur est un document obligatoire dans les entreprises ou établissements d’au moins 50 salariés. Il fixe des règles relatives à la discipline, la santé et la sécurité, ainsi que la procédure disciplinaire.
Les articles L. 1311-2 et suivants du Code du travail définissent :
Le règlement intérieur fait l’objet d’un double contrôle :
Le contrat de travail constitue une source essentielle du droit du travail. Il contient des clauses spécifiques qui jouent un rôle important dans la relation employeur-salarié, telles que :
Ces clauses doivent respecter les normes supérieures (loi, conventions collectives, jurisprudence).
La hiérarchie des normes garantit la cohérence du droit du travail en assurant la primauté des normes supérieures sur les normes inférieures. Cette hiérarchie est la suivante :
La Constitution
Les traités internationaux
La loi
Les règlements
Les conventions collectives et accords
Le contrat individuel
La jurisprudence et la coutume
[Diagramme]
Cette compréhension des sources est essentielle pour maîtriser le droit du travail et anticiper ses évolutions.
