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Le régime de Vichy, dirigé par le maréchal Pétain entre 1940 et 1944, est marqué par une politique de persécutions et de faveurs ciblées, notamment à l’encontre des juifs, des francs-maçons, des libres penseurs, ainsi que par un traitement différencié des Églises protestantes et catholiques. Cette période est caractérisée par une collaboration active avec l’Allemagne nazie, notamment dans la persécution des juifs, mais aussi par des réactions diverses des différentes composantes de la société française.
L’antisémitisme du régime de Vichy s’inspire largement de la conception de Charles Maurras, qui considère les juifs comme un facteur de désintégration nationale et un danger pour la France. Ce rejet ne provient pas de l’Allemagne, mais est une politique propre à Vichy, fondée sur l’idée que les juifs cherchent à dominer la France par l’argent, le spectacle ou la culture. Le régime lance ainsi une politique antijuive accompagnée d’une propagande spécifique, avec des conférences sur les prétendus périls juifs et plusieurs mesures discriminatoires.
La première mesure antijuive est prise dès le 22 juillet 1940 : une commission de naturalisation retire la nationalité française à 15 000 personnes, dont 40 % sont juifs.
Le 3 octobre 1940, le régime promulgue un statut des juifs qui rompt avec l’égalité juridique traditionnelle.
Le 4 octobre 1940, un texte autorise l’internement des juifs étrangers.
L’opinion publique ne manifeste pas d’opposition notable à ces mesures, à l’exception du pasteur Marc Boegner, qui désapprouve dès décembre 1940.
En zone occupée, l’Allemagne impose des mesures antijuives plus visibles, comme l’obligation d’afficher « magasin juif » sur les commerces juifs dès 1940, puis le port de l’étoile jaune en 1942, provoquant un mécontentement parmi les non-juifs.
À l’été 1942, Vichy collabore activement à la déportation des juifs, sous la direction de Pierre Laval.
Le régime de Vichy ne vise pas explicitement l’extermination, mais mène une politique d’exclusion, de spoliation et de persécution qui conduit à la misère des juifs et à leur déportation à partir de 1942.
Les francs-maçons sont une cible privilégiée du régime, considéré comme une puissance occulte contrôlant la Troisième République avec les juifs (complot judéo-maçonnique).
Le 13 août 1940, une loi dissout les sociétés secrètes maçonniques, et les fonctionnaires doivent déclarer ne pas appartenir à la franc-maçonnerie.
Les libres penseurs sont également visés.
Au début de l’occupation, Pétain n’a pas de politique spécifique envers les protestants, qui cherchent à se rapprocher du régime pour se protéger des milieux anti-protestants.
Cependant, la confiance envers Pétain est de courte durée.
Plusieurs figures protestantes s’engagent dans la Résistance, comme :
La persécution des juifs est un sujet de fracture avec le régime.
En 1939, la CIMADE (Comité Inter-Mouvement auprès des Évacués) est créée par les mouvements de jeunesse protestants pour venir en aide aux Alsaciens, puis aux juifs et étrangers internés dans les camps de Vichy.
Le village de Chambon-sur-Lignon, sous la conduite du pasteur André Tocmé et de son épouse Magda, organise l’accueil clandestin d’enfants juifs, sauvant de nombreuses vies.
Le régime de Vichy prône un retour aux valeurs traditionnelles :
Les communistes et socialistes sont aussi des boucs émissaires du régime. Certains catholiques prennent cependant leurs distances et entrent en Résistance.
En 1941, paraît clandestinement le premier numéro des Cahiers du Témoignage chrétien, dirigé par le jésuite Pierre Chaillet.
Symboliquement, le protocole d’avant la séparation des Églises et de l’État est rétabli, avec la présence du préfet au sacre des évêques. Matériellement, la faveur principale est l’octroi de subventions aux écoles catholiques.
En 1941, les communes peuvent financer les écoles privées, et beaucoup le font. De 1940 à 1941, avant les déportations, les autorités catholiques ne s’opposent pas à la politique antisémite, adhérant à l’idée d’un « problème juif » exprimée par l’épiscopat et Vichy.
Les rafles de 1942 changent la donne.
[Diagramme]
Cette analyse montre que le régime de Vichy a mené une politique antisémite autonome, avec des mesures précoces et sévères, une collaboration active à la déportation, tout en persécutant d’autres groupes comme les francs-maçons et les libres penseurs. Les protestants, bien que peu concernés directement, se sont rapidement opposés au régime et ont participé à la Résistance. L’Église catholique, après un silence initial, a vu un retour de ses privilèges, mais aussi des prises de position courageuses de certains évêques face aux persécutions.
Cette complexité des faveurs, défaveurs et persécutions sous Vichy illustre les tensions profondes dans la société française durant cette période troublée @docCM6.docx.
