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Le CM1 propose une analyse approfondie du métier d’enseignant en France, en combinant une perspective sociohistorique de l’évolution de la fonction enseignante et une réflexion sur les compétences professionnelles actuelles. Cette fiche retrace ainsi les grandes étapes historiques de la profession, puis présente les cadres contemporains de compétences et les paradigmes qui définissent les postures professionnelles des enseignants.
L’histoire de la fonction enseignante en France est marquée par trois grandes périodes, chacune correspondant à une transformation majeure du métier, de son statut et de ses missions.
Après 1789, les rapports fondateurs de Talleyrand (1791) et Condorcet (1792) posent l’instruction comme un « bien commun, universel, pour tous quelque soit le sexe et l’âge », insistant sur l’émancipation par l’instruction et distinguant clairement éducation et instruction. Cependant, la situation politique empêche la gratuité de l’instruction, ce qui conduit au rétablissement des écoles religieuses sous Napoléon en 1808 .
La première période dite du « maître d’école » débute avec la loi Guizot de 1833, qui impose une école primaire dans chaque commune de plus de 500 habitants, avec un instituteur formé sous la responsabilité de l’État. La loi Falloux (1850) confie l’enseignement des filles aux congrégations religieuses, tandis que les lois Ferry (1880-82) instaurent une instruction publique laïque, gratuite et obligatoire, affirmant l’objectif d’une école pour tous. L’école primaire vise alors à préparer à la vie active, avec la création du Certificat d’Études Primaires Élémentaires en 1882, supprimé en 1989 .
Le maître d’école est une figure polyvalente, investie d’une mission morale et intellectuelle dans le village. Il gouverne sa classe « comme le père sa famille », avec une autorité affectueuse et débonnaire (Prost, 1992). Cette image paternelle est renforcée par la circulaire de 1883 qui le présente comme « l’auxiliaire et, à certains égards, le suppléant du père de famille », soulignant son rôle social et éducatif fort .
La deuxième période voit l’unification du système éducatif entre 1959 et 1975, culminant avec la réforme Haby (1975) qui instaure le collège unique et modifie la mission de l’école primaire. Celle-ci est désormais chargée de conduire les élèves jusqu’à la sixième.
Cette période est marquée par plusieurs évolutions :
La polyvalence reste au cœur du métier, mais la mission cède la place à une fonction plus institutionnelle, moins centrée sur la figure paternelle du maître .
La troisième période correspond à l’émergence du « professeur des écoles » avec les lois de décentralisation (1982) et d’orientation (1989) qui placent « l’élève au centre du système ». Cette période voit la mise en place des cycles d’apprentissage, des projets d’école, la création des IUFM (1990) et l’élaboration d’un référentiel de compétences structuré autour de sept compétences clés (rapport Bancel, 1989), couvrant des domaines allant de l’organisation pédagogique à la collaboration avec les partenaires .
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L’évolution historique s’accompagne d’une complexification croissante des compétences requises pour exercer le métier d’enseignant. Le cadre officiel et les analyses théoriques permettent de mieux comprendre cette diversité.
Le Ministère de l’Éducation Nationale et de la Jeunesse (MENJ) a publié en 2013 un référentiel structurant les compétences des métiers du professorat et de l’éducation en trois catégories principales :
Ce cadre souligne la complexité et la diversité des compétences nécessaires dans l’exercice du métier d’enseignant, allant de la maîtrise disciplinaire à la gestion des relations humaines et à la collaboration institutionnelle @doc12_1_CM1_approche_sociohistorique 2.pdf.
Paquay propose six paradigmes qui définissent différentes postures dans l’exercice du métier d’enseignant, reflétant la richesse et la complexité de la profession :
| Paradigme | Description |
|---|---|
| Maître instruit | Maîtrise des savoirs utiles pour organiser l’enseignement. |
| Technicien | Mise en œuvre de savoir-faire décomposés en objectifs précis (ex. inventer dispositifs). |
| Praticien-artisan | Application quotidienne de routines et schèmes d’action contextualisés. |
| Praticien-réflexif | Réflexion sur ses pratiques, innovation, chercheur en action. |
| Acteur social | Engagement dans des projets collectifs, analyse des enjeux sociaux des situations éducatives. |
| Personne | Développement personnel et professionnel permanent, relationnel et projet conscient. |
Ces paradigmes montrent que le métier ne se limite pas à la transmission des savoirs, mais implique aussi une réflexion constante, une implication sociale et un travail sur soi. L’enseignant devient un professionnel réflexif et engagé, capable de gérer les phénomènes relationnels, de réguler les situations d’apprentissage, de fournir une aide méthodologique aux élèves, et de favoriser l’émergence de projets professionnels positifs @doc12_1_CM1_approche_sociohistorique 2.pdf.
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Cette approche composite du travail enseignant souligne la multiplicité des acteurs impliqués et la diversité des tâches, ce qui explique la complexité croissante du métier. Cette complexité est aussi à l’origine des difficultés de recrutement rencontrées actuellement, qui posent un défi majeur pour le système éducatif @doc12_1_CM1_approche_sociohistorique 2.pdf.
Cette fiche synthétise ainsi les dimensions historiques et professionnelles du CM1, offrant un cadre complet pour comprendre la fonction enseignante dans son contexte évolutif et ses exigences actuelles.
